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A Digne, le musée Gassendi célèbre l’art en montagne

Nouvelle conservatrice du Musée Gassendi de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), Sandra Cattini n’a vu in situ qu’une fraction de sa collection d’art contemporain. Et pour cause, celle-ci est disséminée dans quelque 200 000 hectares de montagne, un territoire muséal sauvage offert aux randonneurs. Quatorze artistes, cent cinquante œuvres, sous forme de sculptures ou de peintures, et des signatures majeures, comme celle du Britannique Andy Goldsworthy, proche du ­mouvement land art, né aux Etats-Unis dans les années 1960.
Nadine Gomez, la conservatrice qui a consacré plus de trente années au développement de cette collection, a pris sa retraite à 67 ans, en mai. Juste au moment où son travail accède à la reconnaissance. En 2023, le musée, ou plutôt le « pôle muséal », s’est vu ainsi décerner par le ministère de la culture le label « Centre d’art contemporain d’intérêt national ». Ses guides ont reçu cet été leur certification de « guide d’art en montagne », elle aussi unique en son genre. Et un catalogue complet des œuvres sera publié à l’automne.
« Le défi est de faire exister ces œuvres encore méconnues », explique Sandra Cattini. En ce jour de la fin juin, la conservatrice de 52 ans arpente le musée Gassendi, qui sert de « vaisseau mère » à la collection hors les murs, et qu’elle veut revitaliser en accueillant des œuvres en dépôt et en y faisant travailler des artistes. Pendant ce temps, le plasticien allemand Veit Stratmann réfléchit à la manière de transformer l’entrée ­principale, aujourd’hui condamnée, de cet ancien hôpital.
Comme beaucoup de petits musées de province, l’établissement fondé en 1889 a longtemps tenu du cabinet de curiosités : quelques tableaux, des objets anciens, mais aussi des fossiles. Nadine Gomez devient sa conservatrice en 1988, à l’époque de la professionnalisation des musées. Elle a pour mission de doter celui de Digne d’une collection d’art contemporain : « Je me suis dit que le meilleur atout, c’était la diversité géologique, et j’ai voulu proposer à des artistes de travailler à l’extérieur avec des éléments naturels, dans l’esprit du land art », raconte celle qui a découvert la région quand elle étudiait la géologie à Marseille.
En mai 1995, Nadine Gomez invite Andy Goldsworth à exposer. Il est connu pour ses œuvres souvent éphémères, créées avec des feuilles d’arbres, des troncs fracturés, la pluie, la neige. Le Britannique revient deux mois plus tard avec toute sa famille. Logé dans une maison isolée, au bord d’une rivière, prêtée par un professeur de mathématiques des environs, il invente des formes à partir de branches mortes, crée des jeux de lumière avec les galets de la rivière, puis photographie ses œuvres avec son appareil Hasselblad.
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